On se répète "jusqu’ici tout va bien"
Petit article démarré fin 2023, je n'avais pas trouvé le temps de le terminer, voilà qui est chose faite, bonne lecture.
Publié le 17 mai 2025 par Maurice Kaag
En prenant du recul sur mon parcours, je réalise qu’aujourd’hui, je privilégie davantage des technologies pérennes et stables, plutôt que de rechercher en priorité des technologies révolutionnaires, même si celles-ci sont souvent moins lucratives. Je me suis débarrassé de mes équipements Apple, j'ai remplacé mon Windows par Debian, et mes serveurs sont sous FreeBSD. J'ai remplacé mes innombrables Dockerfile par des scripts simples à maintenir et compatibles d'un Linux à un BSD, des scripts qui fonctionneront encore dans 20 ans.
Les migrations logicielles sont inéluctables : on déploie une version qui corrige une faille ou ajoute une nouvelle fonctionnalité métier. En migrant un OS vers une nouvelle version, on cherche un gain de performance ou de sécurité ; souvent, cela reste une obligation imposée par le revendeur, qui a son propre agenda commercial. Chaque migration de macOS chamboulait mon environnement de travail, chaque migration de Windows Server nécessitait une offrande et un coup de chance. Je ne dis pas que Linux et FreeBSD sont exempts de soucis ; je dis simplement que mon flux de travail n'est plus chamboulé et n'est pas non plus interrompu par un popup ou une publicité sur mon menu "Démarrer". Je suis aussi plus serein quant à la confidentialité des données que je suis amené à traiter.
Je me suis lancé avec Swiss Data Guard dans un nouveau projet visant à promouvoir la souveraineté numérique et à accompagner mes clients vers une nouvelle posture que je leur souhaite plus pérenne dans le temps. Jusqu'à récemment, j'avais cette impression de ramer à contre-courant, mais je rencontre de plus en plus de clients qui cherchent à sortir de leur verrouillage informatique. Je constate que d'autres acteurs, en France, en Allemagne et en Suisse, proposent des solutions informatiques souveraines similaires, et je m'en réjouis. La situation géopolitique actuelle exige une réflexion en profondeur sur notre dépendance technologique : il ne peut pas y avoir de souveraineté s'il existe une quelconque dépendance.
On entend souvent cette petite voix rassurante : "jusqu’ici tout va bien". Les outils fonctionnent, les données semblent accessibles, rien de grave ne s’est encore produit. C’est justement ce faux sentiment de sécurité qui rend la chute plus brutale. Ce n’est qu’après une perte de données, une cyberattaque ou un verrouillage par un fournisseur que beaucoup prennent conscience de leur dépendance et de leur vulnérabilité. Or, en matière de souveraineté numérique, attendre le crash pour changer de trajectoire, c’est souvent trop tard.
La protection des données et l’indépendance technologique ne doivent pas être des réactions à une crise, mais une posture de fond. Adopter des technologies ouvertes, comprendre ce qu’on utilise, maîtriser l’infrastructure : cela demande un effort initial, mais procure une liberté incomparable. On ne saute pas d’un avion en espérant tricoter un parachute pendant la chute. Aujourd’hui, il est encore temps de construire des systèmes résilients, respectueux de nos valeurs et adaptés à nos usages. Mais le moment d’agir, c’est avant l’impact.
En attendant d'en discuter de vive voix, prenez soin de vos proches et prenez soin de vos données !